1- L’écologie
Imaginez un instant que vous partez en hélicoptère survoler une grande ville ; Montréal, Paris, New-York, etc. Que voyez-vous ? En gros, vous devriez voir des surfaces grises qui sont des aires de stationnement et des toits.
Maintenant, imaginez que vous êtes au soleil avec un chandail gris ou noir. Il fait chaud, n’est-ce pas ? Pourquoi ? Parce que les couleurs foncées absorbent les rayons du soleil. C’est exactement ce qui se produit à grande échelle, c’est-à-dire que le soleil plombe sur les grandes surfaces foncées engendrées par les villes. Celles-ci s’échauffent et contribuent à la hausse des températures locales.
Un autre aspect écologique de la végétalisation des toits est l’effet de régulation au niveau de l’écoulement des eaux pluviales. Songez un peu à toutes ces surfaces (les toitures) qui ne retiennent aucunement l’eau ; lorsque arrive la pluie, l’eau est rapidement drainée et envoyée vers les cours d’eau, ce qui a pour effet de faire varier anormalement le niveau de ceux-ci.
Avec un toit végétal, cet effet est grandement atténué ; lorsqu’il pleut pendant une journée, le toit de notre atelier peut dégoutter pendant plusieurs jours. En plus, une bonne quantité d’eau est absorbée par les végétaux qui y poussent et une autre partie est évaporée et contribue au rafraîchissement du bâtiment.
2- Le confort
Non seulement y a-t-il un effet à grande échelle, mais il y a aussi celui à plus petite échelle. Avez-vous déjà marché les pieds nus sur un toit en bardeaux d’asphalte par une belle journée ensoleillée ? Insupportable !
Si votre toiture est à une température très élevée, cette chaleur contribuera grandement à la hausse de température à l’intérieur de votre maison.
En ayant une couche de végétaux sur votre toit, non seulement il reste frais, mais de l’eau s’évapore lorsqu’il fait chaud. Hors, l’évaporation d’eau fait baisser la température. C’est le principe qu’utilise le corps humain pour se refroidir : évaporer la sueur.
Un toit végétal est donc un climatiseur naturel pour votre maison ou tout autre bâtisse. Ici, l’été, notre atelier reste toujours frais. Notre maison sera aussi couronnée d’un toit végétal. À vrai dire, toutes mes futures constructions auront un toit végétal.
3- La durabilité
La première réaction que les gens ont lorsque je leur parle de toit végétal est « ça va pourrir, non ? ». Je leur répond : effectivement, ça va pourrir, ou plutôt composter… sur le dessus, pas en dessous !
En fait, un toit végétal n’a rien de bien différent d’un toit ordinaire. En gros, il est composé d’une structure – qui doit être plus forte pour supporter le substrat – d’un contre-plaqué et d’une membrane d’étanchéité. C’est sur cette membrane que l’on dépose le substrat, donc aucun danger de pourriture du toit lui-même !
Ensuite vient la question : « Est-ce que c’est aussi bon qu’un toit normal ? » Non… C’est meilleur ! Tout simplement par ce que les deux principaux facteurs de détérioration de la membrane – les ultraviolets provenant du soleil et le cycle gèle/dégèle – sont grandement atténués par la couche de terre ou de composte. La durée de vie de la membrane (et donc du toit) sera donc considérablement prolongée (de plusieurs années).
4- L’aspect pratique
Qui ne voudrait pas jardiner sur son toit ? Les gens qui habitent la ville sont parfois limités par l’espace. Le toit vert leur permettra alors de se faire un potager, un jardin de fleurs, de fines herbes ou tout simplement un coin de verdure qui peut servir de terrasse.
Pour les gens en campagne (et c’est mon cas), le toit est loin d’être inutile ; non seulement les végétaux y ont un espace privilégié, en plein soleil, mais aussi à l’abri des lièvres et des chevreuils ! Croyez-moi, cet aspect n’est pas négligeable.
Peut-être vous demandez-vous quoi planter sur un tel toit. Ça dépend… Si vous utilisez un substrat de terre, il ne sera pas trop épais (à moins que vous ayez une charpente à toutes épreuves). Vous ne pourrez donc pas y semer des végétaux qui demandent une bonne profondeur pour le système racinaire (pas de carottes !). Par contre, si vous utilisez de la paille (ce que je recommande pour plusieurs raisons), vous pourrez planter des plantes un peu plus exigeantes à ce niveau. Je n’ai cependant jamais essayé les légumes racines. Par expérience, les cucurbitacées, les tomates et les fraises poussent très bien en paille.
Évidemment, il y a plus que le substrat à considérer ; il faut tenir compte du climat (votre zone), de l’ensoleillement, des précipitations et du compagnonnage au même titre qu’un jardin au sol.
5- L’esthétique
Il est vrai que tout est une question de goût, mais en général, les gens qui ont l’écologie à cœur vont préférer un espace vert à un espace dénudé. Tout comme les plantes donnent une âme à une maison, un toit vert rehausse l’aspect d’un bâtiment ; il le rend plus chaleureux, plus invitant.
En plus de rendre votre toiture pratique en y semant des fines herbes et quelques légumes, rien ne vous empêche de planter des fleurs tout autour afin de donner un aspect coloré et vivant à votre bâtisse.
Malgré tous ces avantages, un toit végétal nécessite une charpente plus solide que la normale. Si vous utilisez la méthode des ballots de paille, votre charpente devra être calculée pour supporter 60 lbs/pi2 (300 kg/m2) en supplément aux calculs des charges. Par exemple, dans notre région, la charge de neige calculée est de 60 lbs/pi2. Il faut donc faire un toit qui portera 120 lbs/pi2 si l’on veut y mettre un substrat de paille.
Pourquoi la paille ? Parce que la méthode est simplifiée par rapport à la méthode commerciale, beaucoup moins dispendieuse et tout aussi efficace. Il me désole toujours de lire ces articles de revues ou de journaux où l’on décourage les gens avec des prix démesurés pour la conception d’un toit végétal. Il est évident qu’il y a un léger surplus dû à la charpente plus costaude, mais le reste (le substrat et la végétation) ne devrait pas dépasser les 0,25$ CAD/pi2, soit environ 2,50$ CAD/m 2. Ce surplus négligeable à mes yeux est nettement compensé par tous les avantages discutés.
La méthode qui utilise la paille est très simple et gagne à être connue. Vous pourrez bientôt vous procurer une documentation complète à ce sujet sur le site de Biobâtir - un document complet sur comment faire sa toiture végétale, pas à pas. Vous pouvez aussi en discuter sur notre forum de discussion.