Autoconstruction autonome

Elle est réalisée de manière presque systématique sans architecte, à moins que la surface hors œuvre nette (SHON) du bâtiment dépasse la limite règlementaire de 170 m2, à partir de laquelle il est obligatoire de faire réaliser le permis de construire par un professionnel. Je n’étudierai pas le pourquoi de ce choix mais plutôt les conséquences de cette indépendance délibérée sur la construction de la maison. On pourrait définir l’autoconstruction autonome comme l’acte par lequel l’habitant choisit d’être le maître d’œuvre de sa maison [1] , et non simplement maître d’ouvrage comme il l’est habituellement. J’ai choisi d’inclure l’autoréhabilitation dans ce type d’autoconstruction, qui me semble posséder les mêmes enjeux, à moindre échelle, que l’autoconstruction neuve.

Le nadir de l’autoconstruction autonome est certainement celle de monuments à part, réalisés par des hommes taxés de folie lors de la construction d’un bâtiment à l’esthétique originale, parfois reconnus plus tard voire même classés comme monuments historiques (palais du facteur Cheval classé en 1969, maison Picassiette en 1983, tours Watts de Simon Rodia à Los Angeles). Je l’appellerai l’autoconstruction isolée. Ces histoires hors normes alimentent l’imaginaire de l’autoconstructeur, ces hommes n’ont certes pas dû franchir les démarches administratives, obstacles infranchissables pour certains, puisqu’ils ont été réalisés sans permis, mais montrent que leur acharnement n’a pas été vain, puisqu’il est allé jusqu’à être reconnu officiellement comme une œuvre digne d’intérêt.

J’ai mené six entretiens qui concernent directement l’autoconstruction autonome, dans l’ordre chronologique :

  • Bruno Caillard, ingénieur informaticien et constructeur d’une maison à ossature bois dans la région toulousaine, devenu depuis webmaster du site www.autoconstruction.info.
  • Laurent et Marine Joëts, lui informaticien, elle employée de banque et secrétaire générale de l’Arcif, Association des Castors d’Ile de France.
  • Julien Beller, architecte et autoconstructeur.
  • Gilles Clément, paysagiste (préfère se définir comme jardinier), et autoconstructeur d’une maison en Creuse.
  • Monique Frösch, architecte, et Yannic Dekking, ingénieur industriel, rénovent une grange en Corrèze.
  • Jean-Louis Vacher, architecte, rénove une ancienne ferme en Charente-Maritime pour la transformer en gîte rural.

Notes

[1Marine Bourgeois-Joëts, que j’ai interviewée ainsi que son mari Laurent chez elle, a proposé la même définition. Ils ont construit leur maison de 169,5 m2 en cœur d’îlot en région parisienne, avec l’aide de professionnels pour le gros œuvre.