Essence de l’architecture, Esthétique de l’autopromotion

Albert HASSAN

Essence de l’architecture

Dans le cas de l’autoconstruction autonome, il s’agit d’étudier quelle est la part d’Architecture avec un grand A dans le projet réalisé. Dans le cas de l’autopromotion, l’architecte s’efface en tant que concepteur devant la volonté des habitants. Aux Jardies « l’architecte n’est que le leader du bâtiment, pas du groupe », explique un habitant [1].
L’ingérence directe de l’usager dans le processus du projet, lui seul pouvant en définitive effectuer les arbitrages complexes entre les critères de choix surnuméraires et parfois contradictoires, permet la personnalisation de son habitat, et tous les projets d’autopromotion revendiquent un logement différent pour tous. Une formule d’organisation se retrouve néanmoins dans plusieurs groupes, qui disposent les chambres d’enfants au rez-de-chaussée, accédant directement aux espaces communs, au premier étage les espaces proprement familiaux (séjour, cuisine…), et au second, ceux des parents.

L’essence de l’autopromotion est la capacité de l’architecte à ne pas effectuer un collage absurde de volontés individuelles, mais de travailler au contraire à l’expression d’un objectif commun qui convient à tous sans omettre leurs particularités.

Esthétique de l’autopromotion

Dans un logement collectif d’habitat groupé, le souci de vie partagée amène le décloisonnement de l’architecture, convenant sur ce point très bien aux enjeux de l’architecture moderne. A d’Autry-les- Cœurs, on ne garde que le squelette des bâtiments de ferme puis, dans la triple hauteur libérée, chacun construit des plateformes semblables à des échafaudages de peintre, qu’on atteint grâce à des barreaux placés sur le mât structurel. Les espaces intérieurs de la maison du Val sont hiérarchisés du plus collectif au plus privé, avec une gradation dans chaque logement de l’espace de voisinage à l’espace de rencontre familial, puis à l’espace intime. Dans les cohabitats danois, chaque logement a en général une kitchenette, mais la majorité des dîners se partage dans un bâtiment commun.

L’autopromotion écologique utilise le même genre de recettes, et se fait fort de l’emploi de toitures végétalisées, dont l’intérêt écologique est moins grand que l’image qu’il laisse paraître, et de panneaux solaires.

Notes

[1Pierre Lefèvre, ibid.